La sélection du libraire

Jean-Paul Brussac vous propose quelques livres à lire en temps de confinement.
Vous pouvez les commander par téléphone (05 56 01 03 90), par mail (libolympique@aliceadsl.fr), puis les retirer à la Librairie olympique, sans pénétrer dans le magasin et dans le strict respect de toutes les mesures sanitaires. Comme ces livres sont disponibles (sauf rupture de stock entre temps), vous pouvez aussi passer directement à la librairie sans précommander.

La mariée sous X

Francis Bugarin
Ed. Librairie olympique
22€

« …Il ne savait plus qui “il” était ; il se vivait sous x, un incognito jouant à être “il”.
Lui sera-t-il possible un jour de naître à lui-même et de sortir de l’incognito ?
Il nous fait part de son ambivalence, de son double, de ses impossibilités à dire non dans le domaine affectif et des impasses dans lesquels il se retrouve.
Il a de grandes difficultés à se comprendre et subit les relations amoureuses. Il n’ose pas aller dans celles qui pourraient être les bonnes, mais s’engouffre et accepte celles qui l’instrumentalisent.
Seul l’autre, son double dans son ventre, le Daïmon se permet de lui dire non et, pour se faire obéir, lui tord les boyaux.
Conscient de ses échecs et de ses procrastinations amoureuses, il va se nourrir de l’expérience des autres, de leur vie, pour constater une diversité exotique, des comportements qui l’étonneront et le surprendront. Les autres aiment à lui raconter leur vie et lui aime à les écouter comme autant de voyages extraordinaires.
Il partagera la vie et les envies de l’ami baby, puis celles de l’admirable aux joues creuses, suivies par celles incroyables et mystérieuses du bonhomme pistolets aux yeux bleu canard. Il terminera par les plus déconcertantes et étranges, celles de la vieille juvénile… et enfin, il acceptera la rencontre de sa vie… »

La part du Sarrasin

Magyd Cherfi
Ed. Actes Sud
22€

Le bac en poche, Magyd dit Le Madge, plus entre deux chaises identitaires que jamais, et entre rock et chanson française « à texte », éprouve ses rêves de musique et d’engagement politique, naviguant d’une bande de potes à l’autre : ceux de la cité et les artistes du centre-ville. Moins à la recherche de sa « Part de Gaulois » que de sa voix — celle qu’il voudrait donner aux siens, qui n’en demandent pas tant ; celle qui résonnera bientôt dans tous les Zénith de France où le succès révèlera aussi son amertume. Magyd ou les malentendus. Une aventure menée tambour battant, enragée et souriante.

Avant le repos

Elena Gianini Belotti
Ed. Do
21€

L’histoire d’Italia Donati, une jeune enseignante de la campagne de Pistoia, en Toscane, qui, victime de sa beauté et de son inexpérience, harcelée et persécutée par des rumeurs mensongères, est poussée vers le seul geste qui puisse laver sa réputation. Martyre de l’obscurantisme, esclave de son appartenance à un genre qui ne comptait pour rien et ne pouvait donc être éduqué, empêchée de vivre, Italia acquit une gloire posthume en étant célébrée par le Corriere della Sera.
Son nom est ainsi venu s’ajouter à la longue liste des femmes qui tentèrent de se libérer de la domination imposée par les hommes.
Inutile d’insister sur l’importance de raconter une fois encore l’histoire d’une femme dont la fin fut tragique ; inutile de dire à quel point elle trouve des échos dans notre monde actuel ; inutile d’expliquer combien il est nécessaire de faire connaître cette terrible destinée.

Joseph Kabris ou les possibilités d’une vie. 1780-182

Christophe Granger
Ed. anamosa
26€

Joseph Kabris a eu une vie extraordinaire. Né à Bordeaux vers 1780, engagé sur un baleinier à 15 ans, il s’échappe pour s’installer sur l’une des îles Marquises, Nuku Hiva. Là, dans ce monde inconnu qui lui est inconnu et où sévit le cannibalisme, il devient un guerrier redouté. Tatoué de la tête aux pieds, il fait siennes les pratiques des insulaires, leurs gestes et leurs croyances, il apprend leur langue au point d’en oublier la sienne. Jusqu’à la venue, en 1804, d’un navire russe dont le capitaine l’arrache à sa vie et le conduit en Russie. Kabris, pour vivre, apprend alors à montrer son corps couvert de marques bleues et à raconter sa vie, à lui donner les traits d’une épopée. Il regagne la France où, parcourant les foires, il devient le monde en personne. Il est mort à 42 ans. Jamais il n’aura revu son île ni sa famille.
De cet étonnant parcours, il ne suffit pas toutefois de raconter le cheminement. Il faut explorer la construction de cette existence, comprendre comment Kabris s’intègre à des mondes si contradictoires, comment il parvient à mobiliser ce qu’il a appris à être dans une société pour prendre place dans une autre, comment, autrement dit, il s’y prend pour continuer à vivre. En entrant en profondeur dans les moments de rupture et de reconversion qui déterminent sa carrière d’homme extraordinaire, cette enquête fascinante et troublante propose une biographie sociologique qui, à travers celle de Kabris en train de se faire, parle de toutes nos vies. Elle pose cette question cruciale souvent laissée de côté : au fond, comment se fait une vie.

Arpenter le paysage

Martin de la Soudière
Ed. anamosa
24€

Pour la première fois, Martin de La Soudière, « ethnologue du dehors » et du temps qu’il fait, se livre à l’introspection. Essai autobiographique sur le paysage, cet ouvrage est un retour aux origines, une entrée sur le terrain pour l’ethnologue féru de géographie… Ce paysage intime a pour cadre la montagne, celle des Pyrénées.
Sur le mode du récit, Martin de La Soudière dialogue avec ses pères et ses carnets de travail. Son corpus hors du commun rassemble des écrivains, géographes, paysagistes, peintres, botanistes, mais aussi grimpeurs, militaires, cartographes, taupiers, bergers et autres promeneurs. Tous écrivent leur paysage. Franz Schrader, Élisée Reclus ou Vidal de La Blache habitent l’imaginaire de l’auteur, au même titre que les manuels d’escalades du XIXe siècle ou les livres de géographie du jeune élève des années 1950/1960. Entrer en Pyrénées s’opère aussi à différentes échelles, la vue statique et graphique avec son cadre et sa lumière est indissociable de l’expérience de l’escalade, de la promenade en famille ou de l’expédition aventurière entre frères et sœurs. Comme Martin de La Soudière le dit, on entre en paysage avec le pied et avec la main (on empoigne la matière de la roche pour grimper aux sommets). Mais l’écriture du paysage, en plein vent et en cabinet, est aussi une affaire de rituels. L’auteur scrute les gestes de ses poètes de prédilection : Jean-Loup Trassard arpentant son bocage, Julien Gracq au volant de sa deux-chevaux sur les rives de la Loire, André Dhôtel se perdant dans la forêt des Ardennes, jusqu’à Fernando Pessoa le promeneur immobile de Lisbonne. À travers ses « devanciers » comme il les appelle, l’auteur revendique une intimité du paysage féconde pour l’imaginaire et le travail intellectuel.
Dans cet ouvrage, Martin de La Soudière  » franchit  » la montagne en quelque sorte : inaugurant son récit par le souvenir de l’arrivée au seuil des Pyrénées quand il était enfant, le père de famille proclamant au volant de sa 15 chevaux « Et voici nos montagnes », il le termine de l’autre côté du sommet, en Aragon, sur un dialogue avec son frère décédé Vincent, dialogue aux accents d’énigmes sur une vue panoramique. Le récit est accompagné de photos personnelles, d’extraits des carnets de Martin, carnets de son enfance jusqu’à aujourd’hui.

Le Tigre

John Vaillant
Ed. Libretto
15€

En hiver 1997, un tigre de Sibérie chasse et dévore les habitants d’un petit village isolé dans les forêts de l’Extrême-Orient russe.
Iouri Trouch et ses hommes de « l’inspection Tigre » sont appelés pour enquêter sur les attaques du félin, et pour décider de son sort. Il ne s’agit pas d’un animal ordinaire : tous les tigres sont doués de mémoire, ce qui les rend extrêmement dangereux, mais celui-ci semble engagé dans un véritable processus de vengeance. John Vaillant suit l’équipe d’inspecteurs dans leur traque du tigre, à travers la forêt dense et le froid mordant.
Il décrit également les effets de la présence de l’animal sur le village terrorisé. Minée par la pauvreté et les dures conditions de vie, la population de cette région s’est tournée vers le braconnage et l’abattage illégal de la forêt pour survivre. Elle a ainsi contribué à la disparition progressive de la race du tigre de l’Amour, qui figure aujourd’hui sur la liste rouge des espèces menacées en Russie.
A travers ce récit d’aventure haletant, basé sur une histoire vraie, Vaillant documente la dévastation économique, culturelle et environnementale de la Russie post-soviétique, ramenant les actes désespérés du félin à un symptôme de la crise touchant à la fois cet animal en voie de disparition – et les humains partageant son territoire.
Le Tigre a reçu le Prix Nicolas Bouvier en 2012, et John Vaillant a reçu le prestigieux prix Windham Campbell 2014 pour l’ensemble de son œuvre.

Un amour de monte-en-l’air

Wodehousse
Ed. Les Belles Lettres
13€90

Jimmy Pitt, richissime célibataire, grand mondain et ancien journaliste, relève dans un bar un périlleux défi : il parie qu’il va faire un cambriolage sans se faire pincer. Las ! Si entrer par effraction dans une maison lui semble d’une facilité enfantine, les choses se corsent lorsqu’il s’aperçoit que cette maison est celle d’un policier new-yorkais à la réputation bien établie de vrai dur. Mais le capitaine MacEachern est le père d’une ravissante jeune fille, celle-là même qui a charmé Jimmy sur le bateau qui le ramenait à New York.
Galerie de personnages plus excentriques les uns que les autres, romance impossible, stratagèmes et rebondissements en tous genres font de cette comédie l’une des plus réussies du créateur de Jeeves.

22 leçons de philosophie par et pour les mauvaises filles

Alain Guyard
Ed. Le Dilettante
20€

Depuis Platon, la philosophie est une affaire de mecs en mal de muscles, et pour lesquels le concept est un substitut au zguègue. Par bonheur, l’histoire de cette discipline est truffée de gonzesses qui n’eurent pas froid aux yeux et montèrent à l’assaut de l’Olympe phallocratique de la pensée. De furieuses gisquettes s’ingénièrent à débusquer la supercherie sexiste et à voler l’héritage aux hommes, d’autres s’appliquèrent joyeusement à le démolir. D’autres encore se mirent à philosopher par-delà femme et mâle, dans un pétaradant carambolage de concepts transgenres.
C’est de tous ces phénomènes oubliés qu’on va causer, en dressant les portraits de ces mauvaises filles, goudous, travelos, couires, petits pédés et grandes folles qui s’amusèrent au chamboul’-tout, bousculant la respectabilité de la vieille dame philosophie pour la convertir en meneuse de revue d’un cabaret conceptuel d’un nouveau genre.

Retour dans la neige

Robert Walser
Ed. Points
6,30€

Un voyage en tramway, une escapade à la campagne, un hall de gare ou une rêverie dans les rues de Berlin : Robert Walser, flâneur d’exception, nous emmène dans un univers poétique et nostalgique, à la lisière du merveilleux. Chacun de ces textes, parus en feuilletons entre 1899 et 1920, possède une grâce particulière, dévoilant la profondeur des choses qui se cachent « à la surface ».
« Avec une sorte de félicité, je me mêlais à la cohue pleine de charme, et cette élégante bousculade me rendait, moi aussi, léger et élégant ».

À marche forcée

Slawomir Rawicz
Ed. Libretto
14€

En 1941, une petite troupe de bagnards s’évade d’un camp russe situé tout près du cercle polaire…et de gagner l’Inde à pieds. Quatre d’entre eux y parviendront au terme d’une odyssée extraordinaire. Ce récit est inspiré d’une histoire vraie.

La présente réédition (dans une traduction nouvelle) de ce classique absolu de l’aventure vécue est due à l’initiative de Nicolas Bouvier – qui n’aura pas eu le temps de l’accompagner jusqu’à son terme.
« Ce n’est pas de la littérature, tenait-il à préciser, c’est peut-être mieux que ça… Certains livres sont assez forts pour se passer des secours du style. » Hiver 1941. Une petite troupe de bagnards s’évade d’un camp russe situé tout près du Cercle polaire. Ils ne connaissent pas grand-chose à la géographie. Ils songent  » simplement  » à gagner à pied l’Inde anglaise : le soleil, pensent-ils, leur indiquera au moins la direction du sud.
Aucun d’eux n’est capable, sur les milliers de kilomètres qu’il leur faut parcourir – ils y mettront deux ans -, de situer le désert de Gobi… que plusieurs réussiront pourtant à franchir sans provision d’eau. L’innocence, parfois, est la meilleure alliée du courage…

Les enténébrés

Sarah Chiche
Ed. Points
8€

Automne 2015. Alors qu’une chaleur inhabituelle s’attarde sur l’Europe, une femme se rend en Autriche pour écrire un article sur les conditions d’accueil des réfugiés. Elle se prénomme Sarah. Elle est aussi psychologue, vit à Paris avec Paul, un intellectuel connu pour ses écrits sur la fin du monde, avec qui elle a un enfant. À Vienne, elle rencontre Richard, un musicien mondialement célébré. Ils se voient. Ils s’aiment. Elle le fuit puis lui écrit, de retour en France. Il vient la retrouver. Pour Sarah, c’est l’épreuve du secret, de deux vies tout aussi intenses menées de front, qui se répondent et s’opposent, jusqu’au point de rupture intérieur : à l’occasion d’une autre enquête, sur une extermination d’enfants dans un hôpital psychiatrique autrichien, ses fantômes vont ressurgir.
S’ouvre alors une fresque puissante et sombre sur l’amour fou, où le mal familial côtoie celui de l’Histoire en marche, de la fin du XIXe siècle aux décombres de la Deuxième Guerre mondiale, de l’Afrique des indépendances à la catastrophe climatique de ce début de millénaire.

Tu, mio

Erri de Luca
Ed. Folio
5€70

“Je comprenais mal pourquoi la virilité devait ignorer la douleur. Je la voyais appliquée aux hommes, j’essayais de la reproduire quand mon tour venait. Lorsque j’arrivai sur la plage, mon effort pour me taire m’avait donné de la fièvre et Daniele montra à tout le monde la gloire de ma blessure. La curiosité d’une jeune fille jamais vue jusque-là, le contact de ses mains avec la mienne pleine de trous, chassèrent ma douleur de là aussi. Elle s’appelait Caia.”
Années cinquante, sur une île de pêcheurs de la Tyrrhénienne. Un garçon de seize ans passe l’été dans la famille de son oncle. Il y côtoie un groupe de jeunes gens, dont Daniele, son cousin, et Caia, une mystérieuse jeune femme d’origine juive. Cette rencontre décisive va amorcer en lui une prise de conscience de la complexité de la condition humaine. Un été brusque de la jeunesse et l’on apprend le monde à toute vitesse.

Croire aux fauves

Nastassja Martin
Ed. Verticales
12€50

“Ce jour-là, le 25 août 2015, l’événement n’est pas : un ours attaque une anthropologue française quelque part dans les montagnes du
Kamtchatka. L’événement est : un ours et une femme se rencontrent et les frontières entre les mondes implosent. Non seulement les limites
physiques entre un humain et une bête qui, en se confrontant, ouvrent des failles sur leurs corps et dans leurs têtes. C’est aussi le temps du
mythe qui rejoint la réalité ; le jadis qui rejoint l’actuel ; le rêve qui rejoint l’incarné.”

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