Le choix du libraire

Jean-Paul Brussac vous propose quelques livres à lire en temps de confinement. Vous pouvez les commander par téléphone (05 56 01 03 90), par mail (libolympique@aliceadsl.fr), puis les retirer directement à la Librairie olympique, sans pénétrer dans le magasin et dans le strict respect de toutes les mesures sanitaires. Comme ces livres sont disponibles (sauf rupture de stock entre temps), vous pouvez aussi passer directement à la librairie sans précommander.

En lisant Tourgueniev

William Trevor
Ed. Phébus
9€70

Au fil de brefs chapitres alternés, le destin présent de la pâle et touchante marie-louise, qui finit ses jours en marge du monde des gens dits  » normaux « , tandis que nous reviennent par bouffées les souvenirs, banals et atroces, d’un passé qui refuse de se laisser oublier.

 

Les coups

Jean Meckert
Ed. Gallimard – Folio
7€50

C’est l’histoire toute simple d’un gars qui fait le manœuvre dans des petits ateliers de mécanique. Félix tente d’expliquer en phrases saines et drues son désarroi d’être incompris et de mal comprendre. Que ce soit dans ses discussions avec ses patrons, avec les cousins ou avec sa femme, Paulette, Félix souffre toujours de savoir mal s’exprimer. Il lui arrive même d’entrer en conflit, dans l’esprit de sa femme, avec de superbes mots de roman-feuilleton, et de perdre la bataille. Alors, il bat sa femme, au bout du désespoir. Tout comme on est contraint de faire la révolution lorsque les mots, les échanges et finalement l’existence ont perdu tout leur sens profond pour sombrer dans la vulgarité des idées trop couramment reçues et trop rarement ressenties.

Ustrinkata

Arno Camenisch
Ed. Quidam
13€

C’est le dernier soir à L’Helvezia, le bistrot du village racheté par des investisseurs. Tous les habitués sont là: la Tante, hôtesse de tout son monde, la Silvia, l’Otto, le Luis, l’Alexi, et les autres aussi, encore vivants ou déjà morts. L’alcool coule à flots et ça fume à tout-va. On est en janvier et il ne neige pas. Il pleut comme vache qui pisse. C’est quoi cette bizarrerie climatique ? Le déluge ?
On cause de ça, de tout, sans discontinuer. Ressurgissent alors les histoires enfouies de ce village qui pourrait bien être le centre du monde. La fin est proche, mais tant qu’il y a quelqu’un pour raconter, on reprend un verre.
Ce Prix suisse de littérature 2012 s’avale cul sec !

Monsieur incapable

Georges Picard
Ed. Corti
17€

Monsieur Incapable est venu au monde avec un poil dans la main et une incapacité à réaliser quoi que ce soit de positif et de fructueux. Cet inadapté chronique refuse de travailler et de s’impliquer dans la société. Sa religion n’a qu’un dogme : le salut de la planète viendra des flemmards et des incapables. Il vit tantôt dans un dortoir caritatif, tantôt dans un grenier, comptant sur l’affection d’amis comme Raymond, un SDF philosophe, Mamamé de Clignancourt, la reine du pilaf, Fantine, amoureuse de l’amour, Adeline, une petite poétesse de rue… Malgré lui, il se trouve enrôlé dans des aventures absurdes qui le dépassent.
Avec une bande d’anarchistes, il s’attaque au siège du patronat, échappe à la prison, n’échappe pas à un psy déprimé et à une infirmière délirante, avant de se faire élire à la tête du pays avec pour programme l’Incapabilisme : « Ne rien foutre, se la couler douce ». Au moment où le Travail et l’Effort seraient sur le point d’être vaincus, Wall Street et sa mafia renvoient impitoyablement Monsieur Incapable à sa vocation première : glander.

Un barbare dans le jardin

Zbigniew Herbert
Ed. le Bruit du Temps
Nouvelle édition illustrée
Traduction du polonais par Jean Lajarrige révisée par Laurence Dyèvre
24,00€

Dans un pays où rares sont les élus qui obtiennent un passeport pour voyager en Occident, Herbert, grâce à l’entremise du président de l’Union des écrivains, reçoit néanmoins l’autorisation d’un voyage en France en 1958. Il en est d’autant plus heureux qu’il connaît bien la langue et la culture françaises. Persuadé cependant que ce premier voyage à l’étranger sera aussi le dernier, il reste deux ans en France et en profite pour la visiter du nord au sud, ainsi que l’Italie et l’Angleterre. Cette situation particulière dote évidemment ses pérégrinations d’une intensité toute particulière. Herbert vise à éterniser chaque sensation, chaque impression et à la conserver en mémoire, dans l’hypothèse où il ne pourra pas la renouveler. Conscient de son privilège, il écrit d’abord à l’intention de ceux qui sont restés en Pologne. Le livre né de ce premier périple rassemble dix essais mêlant récits de voyage (en France de Lascaux au Valois, et en Italie de Paestum à Orvieto) et essais consacrés à un peintre (Piero della Francesca) ou à des réflexions historiques (sur l’hérésie albigeoise ou l’ordre des Templiers). Dans une de ses lettres, il écrit à propos de ce livre : « Ce ne sont évidemment pas des voyages avec un grand V, à une époque où la voie vers la lune est ouverte. Je veux traiter cela comme une mise au jour des aires de culture gothique, romane, byzantine et du style des Doriens (Paestum). » Comme dans ses poèmes, comme dans tous ses écrits, Herbert s’attache, avec modestie et humilité (il est à l’évidence bien loin d’être un « barbare »), à comprendre ce miracle que constitue le jardin de la civilisation européenne. Il n’hésite jamais à se confronter aux grandes oeuvres, et à un maître comme Piero della Francesca. Mais la situation dans laquelle se trouve alors son pays le rend toujours particulièrement sensible à l’essentielle fragilité de la culture et au risque que lui font courir « les feux de l’histoire ».

« A »

Louis Zukofsky
Ed. Nous
Traduction de l’anglais (États-Unis) par François Dominique et Serge Gavronsky
Collection NOW
35 euros

Œuvre majeure de la modernité américaine, « A » peut être lu à la fois comme un manifeste, le témoignage d’une vie traversée par les espoirs et les désastres du siècle dernier, une quête de l’amitié (Ezra Pound, William Carlos Williams) et un chant d’amour pour sa femme Celia.

Dans « A » se mêlent inextricablement la vie de Louis et de sa famille, les événements historiques du vingtième siècle, la musique, une réflexion morale et politique hantée par la présence textuelle de Marx et Spinoza. Les 24 sections qui composent « A » révèlent une méthode de composition d’une grande audace, qui alterne le vers rimé, le vers libre, le collage, la correspondance, les citations, l’écriture théâtrale, l’écriture musicale… Le modèle prosodique demeure le vers de Shakespeare, son modèle rythmique, l’art de la fugue et du contrepoint de Bach.

Jacques-Bénigne Bossuet
Œuvres historiques, philosophiques et politiques

Précédées de l’Histoire de Bossuet, par le Cardinal de Bausset
Texte établi par : Maxence Caron, Préface de: Renaud Silly
Ed. Belles Lettres
95€

Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704) est un si puissant génie que le siècle de Louis XIV le considéra comme l’ultime père de l’Église. Universaliste au vrai sens, et plaçant la recherche de la Vérité au-dessus de tout, sa pensée est exactement le contraire de tout ce que, de nos jours, l’homme moyen considère comme évident. Détenteur d’arguments irréfutables qui, en un verbe d’une force jamais vue et un cinglant humour, mettent à bas, sans effort et avec plusieurs siècles d’avance, les obsolètes et maigrelettes bases de notre « nouveau » monde, l’œuvre de Bossuet est un cauchemar pour l’idéologie et le bien-pensant. Elle brandit la beauté comme un enfer pour le moderne. De nombreux chefs-d’œuvre étaient donc introuvables – depuis plus d’un siècle.
Toutes précédées d’introductions historiques et critiques, ces Œuvres historiques, philosophiques et politiques sont préfacées par le frère dominicain Renaud Silly, docteur en théologie, collaborateur de l’École biblique et archéologique de Jérusalem. Aucune grande biographie contemporaine n’ayant été consacrée à Bossuet, nous avons inclus ici la vaste et magistrale Histoire de Bossuet écrite par le Cardinal de Bausset : abondamment documenté, ce grand livre, qui était devenu rare, demeure un modèle de recherche, de précision et d’élégance.

Femmes

Nizar Kabbani
Ed. Arfuyen
Postface de Vénus Khoury-Ghata
Poèmes calligraphiés par Nizar Kabbani et traduits de l’arabe par Mohammed Oudaimah
12€

Nizar Kabbani est l’un des plus grands poètes arabes modernes et certainement le plus aimé. Son rare esprit d’indépendance, son amour de la vie, son rejet des idéologies répressives l’expliquent largement. Comme aussi sa langue, simple, vive et directe.
« La poésie de Nizar Kabbani, écrit Vénus Khoury-Ghata dans sa très belle postface à ce volume, a fusé il y a trente ans sur toutes les lèvres de la jeunesse arabe. […] La langue parlée faisait irruption en poésie et le quotidien prenait une forme écrite. Kabbani, un novateur : la poésie à travers lui se jouait sur la place publique. La cause de ce succès, il faut la chercher dans l’écriture directe du poème, aussi cadencé qu’une chanson. Kabbani y racontait l’Orient, les abus de ses régimes politiques, la superstition de son peuple et, surtout, la femme. La réalité brutale était coulée dans une forme lyrique et le vécu sans relief doublé d’une dimension légendaire. »
Le présent ouvrage, paru pour la première fois en 1988 et réédité ici à l’identique, est la première et la seule traduction en français de l’œuvre de Kabbani qui ait été publiée de son vivant, en étroite collaboration avec lui . Pour ce livre, Nizar Kabbani a réalisé lui-même les calligraphies de ses poèmes.
La femme a été la source principale de l’inspiration poétique de Nizar Kabbani. Mais il ne faut pas s’y tromper : à travers la femme, c’est de la liberté et de la vie qu’il parle, en son nom c’est l’archaïsme et le machisme de la société arabe qu’il dénonce. D’où sa grande popularité, notamment à travers les interprétations de Fayrouz et Oum Kalsoum, mais aussi les vives réactions politiques que son œuvre a suscitées. Nizar Kabbani a payé cher sa liberté : il a démissionné de son poste diplomatiqye en 1966 et s’est définitivement exilé durant les 18 dernières années d sa vie.
Vénus Khoury Ghata a connu personnellement Nizar Kabbani et en fait, en tant que femme, l’éloge le plus juste juste : « J’ai connu Kabbani, écrit-elle, exilé volontaire à Beyrouth après avoir démissionné de son poste d’ambassadeur de Syrie dans un pays d’Asie. Ses lectures poétiques attiraient un vaste public de femmes qui le considéraient comme leur porte-parole et le dénonciateur d’une société faite par l’homme aux mesures de l’homme.
« Je l’ai retrouvé, il y a cinq ans, à Paris. La guerre du Liban venait de tuer sa femme. Debout sur mon seuil, mais brisé en lui-même, calme mais habité d’une rage froide, il me tendit son poème à Balkis, que je devais traduire pour la revue Europe. « La mort a nourri ces pages », c’est tout ce qu’il trouva à me dire. […] J’ai eu brusquement conscience que le poète donne non seulement sa vie en pâture à la poésie, mais également sa mort et celle des êtres qu’il aime.

Que sur toi se lamente le Tigre

Emilienne Malfatto
Ed. Elyzad
13€90

Dans l’Irak rural d’aujourd’hui, sur les rives du Tigre, une jeune fille franchit l’interdit absolu : hors mariage, une relation amoureuse, comme un élan de vie. Le garçon meurt sous les bombes, la jeune fille est enceinte : son destin est scellé. Alors que la mécanique implacable s’ébranle, les membres de la famille se déploient en une ronde d’ombres muettes sous le regard tutélaire de Gilgamesh, héros mésopotamien porteur de la mémoire du pays et des hommes.
Inspirée par les réalités complexes de l’Irak qu’elle connaît bien, Emilienne Malfatto nous fait pénétrer avec subtilité dans une société fermée, régentée par l’autorité masculine et le code de l’honneur. Un premier roman fulgurant, à l’intensité d’une tragédie antique.

L’Olivâtre

Francis Bugarin
Ed. Librairie olympique
22 €

L’Olivâtre attend sa “tendre” qui revient d’Allemagne par avion. Elle a annoncé son arrivée, puis ne donne plus de nouvelles. Angoissé, aidé par un peu trop de vin rouge, il fantasme sur les raisons de ce retard. Un livre sur l’attente, mais aussi une réflexion sur les délires transhumanistes…
« …L’Olivâtre s’approcha et perçut un bruit insolite. Un gargouillis de moteur élec- trique. Un bourdonnement très faible. Ce fut en posant sa main sur la chose pour l’essuyer qu’il prit conscience que c’était vivant. La chose respirait. À sa façon, mais respirait. En lui ôtant les peaux gluantes la recouvrant elle souffla légèrement. Il aper- çut deux petits bras et deux minuscules jambes. Une tête ronde énorme donnait à l’ensemble une forme de sphère. En essayant de la positionner sur le dos afin de lui essuyer le ventre, ils virent en même temps deux gros yeux grands ouverts les observer tantôt elle, tantôt lui. Deux yeux énormes… »

Rien pour demain

Bruno Remaury
Ed.Corti
17€50

Rien pour demain forme avec Le monde horizontal (paru l’an dernier) un diptyque. L’un ne va pas sans l’autre. Le premier avait pour sujet l’espace et celui ci le temps.
Rien pour demain évoque dans une prose élégante et précise la manière dont l’occident est passé d’une conception immuable et cyclique du temps à l’idée d’une flèche qui transperce les âges pour conduire le monde à sa perte. Mais il nous raconte aussi comment l’homme (parce que l’homme est au cœur du livre) trouve à s’accommoder ou non du temps qui passe, et de la mélancolie qui en découle.
Bruno Remaury entremêle anecdotes scientifiques, morceaux d’histoire littéraires et personnages romanesques pour tisser les fils d’une histoire riche et passionnante. Rien pour demain est un livre qui ouvre des pistes de lectures, des questionnements, une invitation à prolonger par nous-mêmes les méditations de son auteur.

Consoler Schubert

Sandrine Willems
Ed. Les Impressions nouvelles
15€
À plus d’un siècle de distance, deux vies s’entrelacent, celle de Schubert et celle d’une dentellière, qu’envahit peu à peu la musique du premier. Tous deux sont conduits par un amour impossible, et la plus profonde mélancolie. Tous deux tentent de sonder leur âme en écoutant celle du monde. Tous deux se demandent à quoi ils croient, ce qui les fait tenir, et s’interrogent sur le pouvoir, ou l’impuissance, de la musique et des mots.
Ce faisant l’écriture tend à se fondre dans celle de Schubert, allant de la candeur au dénuement.

Mireille, poème provençal de Frédéric Mistral

mis en vers français
Georges Martin
Ed. Librairie olympique
19 €

Écrivain français de langue provençale (un dialecte occitan), Frédéric Mistral (1830-1914), Frederi Mistral en provençal, obtint en 1904 le prix Nobel de littérature pour Mirèio (Mireille), long poème en douze chants et 6 000 vers.
Mirèio raconte les amours contrariées de Vincent, pauvre vannier, et de Mirèio, fille d’un riche propriétaire. Dans son œuvre, Mistral fait chanter le provençal tout en proposant un parcours de son pays avec ses lieux emblématiques (La Crau, Les Saintes-Maries-de-la-Mer, Les Baux…), ainsi qu’un aperçu de sa culture, de ses légendes, de ses mythes et du quotidien de ses habitants.
Dans son quarantième Entretien de cours familier de littérature, Alphonse de Lamartine déclara à propos de Frédéric Mistral et de son poème Mirèio : « Un grand poète épique est né… un vrai poète homérique… »
Frédéric Mistral est célèbre dans le monde entier, au point que la poétesse chilienne Lucila de María del Perpetuo Socorro Godoy Alcayaga (1889-1957) lui rendit hommage en choisissant Gabriela Mistral comme nom d’écriture. Cependant, son œuvre est méconnue car écrite en provençal. Pourtant, ceux qui ont fait l’effort de lire son œuvre dans le texte savent que Frédéric Mistral est un immense poète qui a place parmi les plus grands.

Le Rire de De Kooning

Jean-Hugues Larché
Ed. Librairie olympique
10€

Ah ces femmes de De Kooning d’avant la peinture ! Amazones, Comanches, Kamikazes, Walkyries, Zouloues, comme elles sont drôles ! Elles se sont peintes elles-mêmes pour partir en guerre. En pataphysiciennes, elles ont retourné les coups de pinceaux. Peinturlurées, délurées, délirantes, elles se sont renversées les pots dessus et badigeonnées de l’intérieur de la toile. Elles saccagent consciencieusement le tableau  ! Elles ne le supportent pas. Elles n’ont pas fini d’en rire.

Le marbre témoigne

Jean-Paul Brussac
Ed. R de Paradis
13€

Jean-Hugues Larché s’entretient avec Jean-Paul Brussac, sculpteur, qui parle de son travail, de sa démarche artistique…
« …Mon travail consiste à positionner les blocs de marbre d’une certaine manière. Quand ça se passe c’est fulgurant. Je n’ai pas le droit de les reprendre et de les reposer ensuite. Je ne peux plus les remettre autrement, sinon ce serait de l’enluminure. Je veux que ça donne l’effet de quelque chose de suffisamment physique, décisif et essentiel pour que l’on voit que c’est posé comme ça et pas déplacé volontairement vers un rayon de soleil…»

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