Le bonheur est une abeille qui me pique à la hanche

Jean-Paul Brussac vous invite à une rencontre littéraire le mercredi 16 novembre 2022 à 19h autour du recueil Le bonheur est une abeille qui me pique à la hanche (Alidades, 2022) d’Abdulrahman Khallouf (trad. Abdulrahman Khallouf et Ève de Dampierre-Noiray)

Au programme : Lecture bilingue de poèmes tirés du recueil en version originale arabe et en français

Rencontre et discussion avec l’auteur et la traductrice.

Abdulrahman Khallouf

Abdulrahman Khallouf

Abdulrahman Khallouf, né à Damas en 1977, est diplômé de l’Institut des arts dramatiques de Damas. Il quitte la Syrie en 2002 – «parce qu’à vingt-cinq ans on a encore le temps de commencer ailleurs» – pour la France. Il vit aujourd’hui à Bordeaux, où il exerce le métier de metteur en scène.
Auteur de poèmes, d’abord en arabe puis en français, il a publié des pièces de théâtre ainsi qu’un recueil de chroniques sur la Syrie telle qu’il l’a connue et telle qu’elle n’est plus. Son œuvre, à la fois lyrique et réaliste, est essentiellement marquée par les questions de l’exil (y compris intérieur), de la guerre et du déracinement.

Ève de Dampierre-Noiray

Eve de Dampierre-Noiray
Eve de Dampierre-Noiray

Enseignant-chercheur, maître de conférences à l’université Bordeaux-Montaigne, Ève de Dampierre-Noiray enseigne la littérature comparée et l’initiation à la traduction (anglais, italien, arabe). Ses travaux portent sur les littératures européennes et arabes du XXe siècle (domaines français, arabe, italien, anglais), la sociologie des représentations, les enjeux de la fiction à l’époque postcoloniale, la poésie arabe contemporaine (œuvre de Mahmoud Darwich, poésie égyptienne et syrienne XX-XXIe), la traduction.

Le bonheur est une abeille qui me pique à la hanche

Poèmes traduits de l’arabe par Eve de Dampierre-Noiray et l’auteur.
Postface de Éve de Dampierre-Noiray. Édition bilingue.
(alidades 2022, 12,5 x 21 cm, 64 pages, 7,00 €, ISBN 978-2-919376-87-2)

Voir paraître dans sa version originale arabe, avec la traduction française en vis-à-vis, le recueil d’Abulrahman Khallouf Le bonheur est une abeille qui me pique à la hanche, est à la fois une grande joie et un moment révélateur de sa trajectoire dans la géographie et dans les langues. Alors qu’il a quitté la Syrie et vit en France depuis vingt ans, il est passé d’une langue d’écriture à l’autre et ce n’est qu’aujourd’hui, après la parution de plusieurs de ses textes en français, que nous pouvons lire, après les poèmes de l’après, ces poèmes de l’avant, écrits en arabe entre 2011 et 2019.

Ce livre est bien un recueil au sens qui, en français, le distingue d’un florilège ou d’une anthologie. Les poèmes y sont reliés, malgré leurs écarts esthétiques, par un ensemble de fils au début invisibles, mais dont la teneur s’affirme au cours de la lecture. Le pas cadencé des hommes sur la route, un jour de fête nationale («Le jour du jugement»), semble résonner à nouveau lors des préparatifs de la guerre, cette grande célébration dont nul ne sait ce qu’elle célèbre, à la fois parade et parodie («Leçon de guerre»). Des chants et des clameurs traversent le paysage, d’un poème à l’autre : champs de coton, champs de tabac, fleuves et montagnes noires, gravies ou rêvées. Les visions surréalistes – des lettres suspendues au plafond, des mots sautillant comme des poissons, des arbres courbés qui s’appuient sur les hommes – se mêlent aux piqûres de rappel du réel, comme cette «abeille qui me pique à la hanche», sensation claire et vive de l’existence, tout à la fois souvenir de l’adulte et conscience qu’a l’enfant d’être au monde.
Ces fils entrelacés confèrent aussi au recueil sa forme singulière : celle d’un livre qui fonctionne autant comme une constellation, chaque poème existant seul et dans son rapport avec quelques autres, que comme un inventaire, une série de variations. À cet égard, il est donc aussi un diwan, c’est-à-dire un cahier ou un registre, et peut-être même un divan, l’endroit où l’on s’assoit ensemble, autour de la cheminée, autour du thé, pour réciter des poèmes ou raconter des histoires. Cette forme poétique qui tient à la fois du récit et de l’inventaire est un des traits marquants de l’écriture d’Abulrahman Khallouf. Ainsi ces «Leçons pour l’absent», dont l’enseignement se décline à travers plusieurs poèmes-épisodes de l’existence: gravité, hiver, sagesse, guerre, écriture. L’étrange lien que cette série de poèmes tisse entre ces mots projette sur eux et sur le monde un éclairage nouvellement poétique, parfois comique, et suscite de nouvelles questions. La liste surgit même au cœur du poème, telle une tentative de contenir dans cette forme humble l’intensité des visions, de compter des respirations sur les doigts d’une main, de «mettre en ordre» les paroles (Trêve) pour fabriquer «une charade», «une fable» et pourquoi pas «une famille et une maison».
Ève de Dampierre-Noiray

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.