Rencontre avec Gianfranco Catania

Le jeudi 11 janvier à 19:00, Jean-paul Brussac vous invite à une rencontre avec l’artiste Gianfranco Catania qui présentera son recueil Fragments qui rassemble quelque vingt années de production artistique.


Fragments
naît comme une vue d’ensemble sur mes vingt ans d’activité et de production artistique.
À l’issue des mes études aux Beaux-Arts de Bayonne en 2004, j’ai eu la chance d’exposer dans une galerie à Toulouse, la Galerie 5, qui a cru en mon travail et m’a accompagné durant mes premières années d’activité.
Gianfranco Catania

Poser son regard sur une production de Catania, c’est avoir la rétine caressée à l’acide chlorhydrique.
Il est l’héritier de la veine des artistes qui travaillent sur l’icône. Mais ici, loin d’être endormi dans une séduction hypnotique, notre œil est frappé d’un uppercut. La réception immédiate est celle d’un monde glacé et violent qui détonne comme un coup de Beretta grâce à l’outil contemporain de la numérisation. Catania répercute sa lecture du monde sans ménagement comme si ce dernier, que ce soit dans les sujets les plus intimes comme les plus politiques, était en état de guerre permanent. Serions-nous toujours divisés dans des rapports de force mettant en tension dominants et dominés? Sommes-nous victimes ou bourreaux? Affranchis ou enchaînés?
La première lecture nous agresse comme pour nous renvoyer à notre propre barbarie aux couleurs froides de la solitude. Le tout est orchestré plastiquement d’une main de maître implacable qui crée une unité esthétique à l’élégance terroriste transalpine.
Mais… car il y a un mais… avez-vous remarqué que l’artiste nous invite à une lecture moins imminente? L’œil est guidé par ce que l’on perçoit d’abord comme une cible récurrente au fil de son travail. Et c’est toute l’ambiguïté de cette dernière qui est fascinante. Notre œil est placé dans un viseur. Et là faut-il tirer à vue?
Nous voilà interrogés? La question est de taille: quel regard portons-nous sur le monde? Sommes-nous des snipers prêts à abattre le sujet au cœur de la cible?
Ou bien pouvons-nous dépasser le psychopathe misanthrope qui sommeille en nous et faire le choix de s’interroger sur l’humanité qui se cache derrière le mur bétonné, à la fois fascinant et répulsif de l’icône?
Le défi est brut de décoffrage: notre doigt est placé sur la gâchette?
Ce « trou » dans l’image, c’est à n’en pas douter, le sens profond du travail du plasticien.
Sa démarche: d’abord nous provoque; ensuite il pose son cercle sur quelque chose qu’il y a à découvrir; puis il cale notre œil dans le viseur qui devient un trou de serrure. Nous devenons les voyeurs de l’invisible.
En somme, les voyeurs que nous sommes nous retrouvons à prendre conscience de notre propre regard. Il nous invite à regarder derrière l’image en créant de l’image qui dénonce l’image. Il ouvre une brèche humaine sur une toile à la manière d’un écran qui pourrait ne proposer que des stéréotypes à contempler.
Dans cette brèche, notre œil s’engouffre, nous laissant face à notre propre conscience.
Il joue le jeu du terrorisme et de l’agression de l’image pour nous inviter à nous remettre en question.
N’est-ce pas l’une des plus belles fonctions de l’artiste que de rien nous imposer, pour nous ramener à notre propre liberté?… Ici, en l’occurrence, par les contours nets et sans bavure d’un petit cercle rouge…

Sandrine Cerruti, Enseignante et poétesse.
Toulouse, Juin 2005

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.